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Science Fiction 2009*

 
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Espace-musique

Rarement exposition avait autant fait parler d’elle. Ce n’était pas le fait d’une proclamation médiatique quelconque : l’annonce de cet événement culturel avait été normalement relayée dans les journaux et les radios. Sur les murs parisiens, on croisait de temps en temps cette affiche très sobre, bleu marine, d’une note de musique volumineuse, et à l’exception de l’effet de 3D, particulièrement réussi, rien n’intriguait vraiment.
« Espace-Musique ». En cette année 2015, la mode était à ces compositions de mots parfois lumineuses. On s’amusait d’immenses rapprochements brûlants de fusion, comme avides de nouvelles potentialités. Il s’agissait d’entrechoquer les concepts comme deux lames de silex, évaporer les limites, provoquer d’étonnants mystères par le seul attachement visuel de deux mots différents. Quitte à déstructurer quelques règles de grammaire, on reconnaissait au verbe une dimension kaléidoscopique qui se manifestait lors de son déplacement hors de sa sphère sémantique. Le mot « espace » était le plus sollicité, source instinctive d’incroyables réactions métaphoriques.
« C’est un vrai bla-bla, soupirait Natasha près de ses amis, et là je fais un vrai mot composé. » Etudiante en musicologie, la jeune fille disait redouter le snobisme de ces expériences. Elle restait attachée à l’harmonie musicale la plus simple, ce qu’elle appelait son « évidence ». Où était l’originalité d’une pensée livrée à la contingence ? Certaines de ses amies tentaient de la convaincre : « ce n’est pas inintéressant, Nat’, et tu simplifies la démarche en l’assimilant au principe des mots-valises. On ne cherche pas seulement à associer des mots pour éclairer une situation, on déplace physiquement les termes, on cherche leur centre de gravité, la nature de leurs frontières, c’est une attitude physico-philosophique. Je sais que c’est très abstrait, difficile à envisager, mais tu devrais t’y plonger. » Finalement, c’est son enseignant de direction d’orchestre qui l’avait décidée ; elle l’appréciait avec admiration, se passionnait pour ses cours et imaginait, aux quelques digressions personnelles qu’il avait faites, partager ses enthousiasmes artistiques. C’était au fond une discipline qu’elle appréhendait depuis toujours, impérieuse, enveloppante, de ces instants qui font émerger l’être bien au-delà de ses pratiques familières, à l’éveil des rythmes, à la souplesse des voix, à la libération des gestes mêmes. Quelque chose se nouait entre ses émotions, bien avant de devenir celle qui impulsait la mesure, figurait les nuances, vivait la beauté. Interrogé par un étudiant sur l’intérêt de cette exposition, ce professeur avait fasciné Natasha : « Vous pouvez y aller, oui, c’est plutôt remarquable. »

La rue s’éveillait à peine, sous le chant des oiseaux, comme incertaine des directions qu’elle annonçait, à l’aube de la ville. Les merles vibraient de tous les sons, suspendant encore l’effarouchement rapide de leur trottinement. Dès qu’elle sortit, Natasha s’apaisa dans ce souffle habité. L’arrêt de bus n’était pas loin, elle aimait s’apprêter avant l’heure de passage, sentir quelques minutes l’imprégnation de l’air, doux ou plus rigoureux, à la hauteur de son quartier, écoutant les gestes urbains. En face, au-dessus de la route, s’élevaient les maisons, admises capitales. Ses pensées, ici surtout, voltigeaient nombreuses et légères le long du paysage. Elle espérait que son arrivée matinale devant le Centre Pompidou lui permettrait de voir l’exposition sans trop de monde. Ce matin-là, elle chantait mentalement les premiers accords de son concerto pour piano et orchestre de Brahms préféré, éprise des élans, libérée des pensées, comme aspirée par les nuages. S’approchant du panneau précisant les horaires et l’itinéraire fixé, elle découvrit un étrange objet infime, qu’elle prit d’abord pour une boussole miniaturisée. Sa surprise était de trouver un si petit instrument posé à la hauteur de ses épaules sur un court rebord du cadre d’information. Comme insensible au vent, le boitier semblait fixé au fer, indétecté par la gravitation. Natasha tenta en vain de le soulever : l’objet devait être scellé à son support. Du reste, quelques voisins arrivaient, et elle recula de quelques pas, sous l’énergie des accords qu’elle reformulait silencieusement.
Comme chaque jour, elle suivait les regards et les réactions des « voyageurs musicaux ». Elle avait appelé ainsi les personnes reliées à leurs écouteurs et qui ne lisaient rien, par ailleurs attentifs au paysage et aux mouvements dans le bus. Eux aussi aimaient ce voile doux ou tonique, posé sur le monde, eux aussi singularisaient le matin d’une tonalité spéciale. Perspective musicienne, petite paroi claire, elle ne pouvait se défaire vraiment de son a priori négatif à l’égard de cette exposition : espace et musique, tout cela allait de soi, naturellement.
Au centre Pompidou, elle emprunta les escalators parmi les premiers visiteurs. L’animation de la journée se préparait lentement, calmement, dans le vol des pigeons et le regard des touristes. Paris s’éloignait.
L’étudiante poussa la première porte. Tout était silencieux et très sombre, elle crut même qu’une isolation particulière avait été prévue pour marquer l’entrée dans ces salles. Aucune explication, quelques casques simplement, et deux sièges. Elle décida d’écouter. Immédiatement, elle reconnut les premières notes du concerto de Brahms. « casque télépathique ou suprême coïncidence ? » Avec attention, elle nota une légère différence par rapport à l’enregistrement qu’elle connaissait. D’habitude, il y avait toujours des instants où elle ne chantait pas, des mesures au cours desquelles sa voix perdait un peu la ligne musicale. Mais ici, elle restait stupéfaite, croyant entendre le morceau tel qu’elle le chantait, ou tel qu’elle le rêvait, au-delà de sa contrainte de ne chanter qu’une voix à la fois. C’était une harmonie étrange, nettement autre. De joie, elle se surprit à entonner à son tour à voix douce, le thème de Brahms. Intriguée, elle commençait à percevoir la nature de l’émerveillement qu’elle subissait, puisque le casque ne renvoyait pas absolument sa voix, mais une sorte de mélodie idéale ; il lui révélait l’essence très personnelle de la musique – sa musique, en somme, traversée par les aspirations de son âme. Mais à l’instant où elle reçut cette sensation, le volume diminua puis tout s’éteignit. Une voix la pria simplement de franchir la porte suivante.
Dès l’entrée de la seconde salle, l’étrange disposition immobilisait un instant chaque visiteur : en diagonale, un long couloir semblait isolé du reste de la pièce par le mouvement continu et régulier des objets qui y figuraient. Quelques notes de musiques, des silences, une clef de sol évoluaient, comme portés par un invisible courant, et aucune cloison ne séparait cette zone du reste de la pièce. Les notes semblaient suspendues sur une portée transparente. Cette fois-ci, la jeune fille, un peu éblouie, n’était plus seule. La première expérience l’avait rendue curieuse et désireuse. De même qu’au lieu de propager la musique, le casque semblait avoir écouté ses propres harmonies, et recueilli le son, ses préjugés s’étaient inversés, instantanément. En s’approchant du couloir, les gens qui effleuraient les notes étaient attirés dans ces bulles colorées. Ce n’étaient plus des morceaux de musique, mais des accords, plus ou moins riches, et comme visités par les passants. Lorsque Natasha se sentit aspirée dans la sphère bleue, elle eut l’impression naturelle que sa note était dominante, indispensable à l’architecture du son émis. Ici encore, les sensations se précisaient progressivement : d’abord un immense silence, physiquement traduit par l’effet de suspension, puis la présence sonore, soudain découverte, soudain perçue, alors qu’elle n’avait jamais cessé. Vus de là, les visiteurs semblaient infimes, c’était, à travers ce prisme sonore, comme l’organisation pure d’un autre monde. Peu à peu l’émotion l’attirait, dans la protection frêle de ces harmonies lentes. Une courbe lyrique, des images touchantes… elle ne pouvait plus songer à s’en aller. Toujours en elle, les mélodies éclairaient chaque instant, ce n’était plus un dialogue entre son âme et la musique, mais une reconnaissance primaire de leur essence commune. Une tristesse planait, sereine et prolongée, née du choc des frontières.
Instinctivement, la légère musicienne glissa sa main dans sa poche droite. Incrédule, elle sentit un petit objet plat : c’était la petite boussole même qu’elle avait observée à l’arrêt de bus, quelques heures auparavant, et qui lui avait semblé fixée au panneau. L’objet n’avait pas changé, l’aiguille semblait statique, mais comment se pouvait-il qu’elle le retrouve ainsi ? Natasha décida de sortir de cette note, elle traversa la mince cloison et rejoignit un angle de la grande pièce. A nouveau, la boussole avait disparu : rien dans ses mains, rien dans ses poches ni dans son sac. Si petite, elle n’avait pas senti que l’objet lui échappait. Comme un voyage en semi-indépendance, quelque trajet qui ne lui appartenait pas. Quoique saisie, l’étudiante se replongea dans l’atmosphère délicatement magique de l’exposition. Elle cherchait à percevoir sur le visage des autres personnes un étonnement du même ordre que ce qu’elle venait de vivre, un étrange vide, un signe d’intensité mystérieuse. Autour d’elle, les gens réagissaient très diversement. Certains restaient lointains, dubitatifs et maîtres d’eux-mêmes, d’autres au contraire observaient fixement les mécanismes, cherchaient les ficelles et partageaient cet enthousiasme grave. L’esprit de Natasha s’épanouissait en marge de l’exposition, elle y voyait une provocation première, depuis la première salle, et comprenait bien que le sentier était ensuite intime et primordial.
Lentement, elle allait franchir la porte suivante, lorsqu’elle entendit l’immense étonnement de tous les visiteurs. Derrière elle, toutes les notes de musique changeaient vivement de position, sans pourtant que l’accord sonore ne soit bouleversé. Comme libérées de la portée, toutes les sphères décidaient d’un nouvel axe, amorçaient une rotation étrange, dans la pièce tout entière, et les bulles traversaient désormais les gens comme eux les avaient traversées peu de temps auparavant. Le gardien de la salle s’était levé, ébahi, sans comprendre. C’était un autre équilibre en définition, un nouveau centre, presque gravitationnel. A cet instant, le regard de Natasha fut capté par un petit élément, lui aussi en rotation autour d’une ronde : de plus en plus brillant, de plus en plus intense à mesure que les autres notes s’orientaient… Elle reconnut la petite boussole de l’arrêt de bus. La distance ne lui permettait plus de distinguer l’aiguille, elle observait simplement l’accroissement de la lumière, le mouvement de rotation, comme en orbite autour de la note bleue. Le commissaire de l’exposition venait d’entrer, suivi d’un personnel important. Le silence des hommes contrastait avec la reprise ascensionnelle de l’accord mineur. A voix haute, pourtant, un visiteur s’enchanta : « on dirait maintenant des planètes et des satellites. C’est prodigieux. » L’objet minuscule semblait une étoile, une fulgurance brillante qui, seule, désormais, ne cessait d’accélérer, au point de menacer à nouveau l’équilibre des notes-planètes à l’entour. Tout fut très rapide, la musique cessa ; à l’œil humain, la petite boussole disparut. Tout reprit sa place, progressivement, et son habituelle composition.
Natasha étouffait un peu, tremblante, parcourue par d’innombrables idées. Au fond d’elle se répétaient cette lumière et cette expression « Espace-musique, Espace-musique », en un rythme palpitant.

ZNANSTVENA FANTASTIKA




O porijeklu znanstvene fantastike su se vodile žučne rasprave (neki stručnjaci smatraju da potječe iz Antike) no industrijska revolucija dovela do rođenja modernog SF-a i pisci kao na primjer Jules Verne i H. G. Wells su joj dali veliki doprinos. Oni su iskoristili javni interes u otkrićima 'realne' znanosti i napisali priče u kojima su obrađene takve teme kao što su put u svemir, invazije s drugih planeta i istraživanje 'svjetova zaboravljenih u vremenu'. Otada su SF autori iskoristili svako novo znanstveno otkriće i, uz to upotrijebili SF žanr da se pozabave takvim idejama kao što je 'ekologija, fašizam ili etika kolonizacije. Neki nisu pisali o fizičkom svemiru već o svjetovima iz snova i mašte. Dvije grane SF-a postaju odvojeni žanrovi: 'future-shock' knjige, projektirajući probleme današnjeg društva u budućnost, i space opere, o borbi dobra protiv zla na egzotičnim planetima. Space opera sliči na fantasy koja je napredovala brzo nakon uspjeha J. R. R. Tolkienovog Gospodara prstenova (The Lord of the Rings, 1954-5). Junaci fantastičnih romana poduzimaju čarobne potrage obično ozbiljne, ali od osamdesetih, u rukama > Terryja Pratchetta i ostalih, ponekad su farse.

> Asimov, Isaac: Ja, robot (I, Robot, 1950). Zbirka povezanih futurističko-detektivskih priča u kojima se protagonisti moraju pozabaviti zločinima koje bi mogli počiniti roboti.

> Banks, Ian M., Sjeti se Phlebasa (Consider Phlebas, 1987) Prva Banksova space opera, tradicionalna SF priča galaktičnim carstvima i velikim intrigama, napisana modernim stilom.

Bester, Alfred: Zvijezde - odredište moje (The Stars My Destination, 1956). Snažna priča o osveti i transcendenciji, koju je napisao pisac zaljubljen u mogućnosti jezika.

Card, Orson Scott: Enderova igra (Ender's Game, 1985). Svijet je pod prijetnjom gnjusnih vanzemaljaca i s mladim genijima obučenim da se u ratu bore.

> Heinlein, Robert: Stranac u stranoj zemlji (Stranger in a Strange Land, 1961). Novi Mesija je na Marsu i njegove psihičke moći vode ga prema osnivanju nove religije.

Holdstock, Robert: Mythago Wood (1984). Mračni engleski fantasy u kojem se misteriozni jungovski arhetipovi pojavljuju u Herefordshire šumi.

Holt, Tom: Leteći Holandez (Flying Dutch, 1991). Blistavo smiješno, jezično istraživanje priče o ukletom Holandezu, osuđenom da vječno živi usamljen na morima sve dok ne nađe istinsku ljubav.

Miller, Walter: Canticulum za Leibowitza (A Canticle for Leibowitz, 1959) U postapokaliptičnoj Americi gdje predratna znanja čuvaju čuvari koji više ne razumiju što ona znače u ovoj inteligentnoj priči o budućnosti.

Moorcock, Michael: Elric of Melniboné (1972). Moorcock je stvorio sjajnog antijunaka fantasyja. Elric iz Melnibonéa, albino čarobnjak i izdajica svoje vlastite, neljudske rase na Zemlji pod dominacijom čovječanstva.

> Pratchett, Terry: Mali bogovi (Small Gods, 1992). U ovoj epizodi u Pratchettovom urnebesnom ciklusu o Discworldu je riječ o tajniku Velikog Inkvizitora, mladić koji nikad ništa ne zaboravlja, i koji ima jedinstven i značajan osobni odnos s Bogom (vrlo mala kornjača). Svi romani iz ciklusa o Discworldu su neovisni. Ovo je jedan od najsmješnijih.

Priest, Christopher: Očaravajući sjaj (The Glamour, 1984). Zagonetni ljubavni trokut postane uznemirujuća potraga za identitetom, a tri glavna lika posjeduju (ili vjeruju da posjeduju) osobite kvalitete koji ih izdvajaju.

Russell, Mary Doria: Vrabac (The Sparrow, 1996). Sukob kultura je blistavo i dirljivo opisan u ovoj priči o misija koju su isusovci sponzorirali na udaljeni planet i koja je poremetila odnose između njegovih žitelja.

Stephenson, Neal: Snježni sudar (Snow Crash, 1992). Duhovita, složena priča o tajnim teorijama pred kojima je suočen pizza-dostavljač na skateboardu. Paranoja Dosjea X, kombinirana s ironijom.

Vonnegut, Kurt: Titanove sirene (The Sirens of Titan, 1959). Klasična priča Milesu Rumfoordu, koji je prinuđen nakon znanstvene nezgode živjeti u svim trenucima svog života istovremeno i kako on na mjesečarskom stroju putuje kroz svemir i vrijeme, on pokuša se osloboditi svog stanja.

Wolfe, Gene: Knjiga Novog Sunca (The Book of the new Sun, 1980-3). Ovaj klasični četvorotomni ciklus koristi fantastiku da iznio ideje o dvojnosti između dobra i zla, prirodu okrutnosti i mogućnost izbavljenja. Severian, prognan na misteriozni, umirući planet Urth, prvo istražuje, zatim koristi, zatim traži način da ga spasi. Pojedini naslovi: Sjena mučitelja (The Shadow of the Torturer), Pandža pomiritelja (The Claw of the Conciliator), Lictorov mač (The Seord of Lictor) i Autarhova tvrđava (The Citadel of the Autarch).

Također preporučujemo: Poul Anderson: Slomljeni mač (The Broken Sword); Greg Bear: Krvava glazba (Blood Music); Ray Bradbury: Fahrenheit 451; Samuel R. Delany: Nova; Philip José Farmer: Nepoznata gozba (A Feast Uknown); M. John Harrison: Virikonske noći (Viricoinium Nights); > Russell Hoban: Riddley Walker; Daniel Keyes: Cvijeće za Algernon (Flowers for Algernon); Stanislaw Lem: Solaris; Kim Stanley Robinson: Crveni Mars (Red Mars); Joanna Russ: Ženski muškarac (The Female Man); Norman Spinrad: Bug Jack Barron; Sherri S. Tepper: Trava (Grass): Jack Womack: Elvissey.

Vidi također: Atwood, Ballard, Clarke, Dick, Donaldson, Eddings, Feist, Gibson, Harrison, Herbert, Jordan, Le Guin, Lessing, McCaffrey, Wyndham.

(Iz knjige „Vodič za dobre čitaoce“)

Preveo s engleskog: Žarko Milenić

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Leontin Čapo-Milenić: KORDINA ŠAKA



Mjesec je osvojen!

Cha Po je odmah kineskim komunističkim vlastima ponudio Kentine usluge. U početku su se nećkali, ali kada su Cha Po i Mao Komunističkoj partiji potvrdili sva legendarna junačka djela koja je taj nabildani Rus učinio, oduševljeno su pristali. Tijekom astronautskih treninga morao se odreći alkohola što mu je jako teško palo, no ipak konzumirajući žvakaće gume s okusom etanola, pohađajući tečaje tai chija i akupunkture privremeno se odvikao.
Došao je i dan lansiranja. Veličanstvena raketa Don Fang Hong VI. (Istok je crven VI,) blistala je, željno očekujući svog astronauta.
Konzerviran kao sardina u svemirskom odijelu koje je isticalo njegove velike mišiće, s kineskom zastavom na ramenu, naš junak se počeo penjati u raketu. 1, 2, 3, 4 ... i UPS! Krivo zagazi, padne i zvizne od zemlju, a ljestve se raspadnu u stotinu komadića. Srećom, njegova je čelična glava zaustavila pad pa se nije strašno udario.
Nije bilo vremena da se postave nove ljestve jer je lansiranje bilo u tijeku. Mao zvižne i na lansirnu rampu munjevito dotrči slavni kineski košarkaš Yao Ming. Yao zgrabi Kentu svojom snažnom rukom i spretno ga ubaci u letjelicu kao basket-loptu u koš. Vrata space shuttlea se zatvore i Kinezi ga raketiraju u beskrajni univerzum.
Putovao je nekoliko beskonačno dosadnih dana. Vrijeme je kratio kartajući poker protiv samog sebe, slušajući pjesme Beatlesa i pijući kineski zeleni čaj, budući da nije imao nijedno drugo piće.

Na Mjesec je napokon stigao. Promotri koz prozor okolicu. Sve prašnjavo i pusto. Ni žive duše. Kenta se začudi da mu nitko nije došao poželiti dobrodošlicu. Stavi kacigu sa crnim skafandrom i naprti bocu s kisikom na leđa.
Prvo što je uočio kad je izašao na Mjesečevo površinu je da nigdje nema američke zastave. To ga pretjerano ne iznenadi.
„Nema nigdje zastave, znao sam! To je samo potvrdilo moje sumnje. Sve su to vražji Jenkiji iscenirali i snimili u filmskom studiju. Vukli su svijet za nos desetljećima. No sada će ova velika nepravda napokon će biti ispravljena", pakosno se nasmije i izađe s kineskom zastavom. Svečano izgovori:
„Ovo je sramotan dan za Amere, a veliki za Kinu! Now, I'm the Master of the Moon.“
Zabije koplje barjaka u tlo s crvenom kineskom zastavom. „Eh, da me sad vidi moj prijatelj Jurij Gagarin, bio bi ponosan na mene. Dobili smo Hladni rat", nasmije se zadovoljni Rus.
Svaki Kentin korak pomno su motrili i snimali kineski znanstvenici s komandnog centra na Zemlji.
„A sad da vidimo ima li na Mjesecu neke cuge. Dosta sam postio!“, reče on.
Iz radio-prijemnika se začu neljubazni glas: „Vraćaj se, pijanduro lijena, u space shuttle po lopatu za kopanje! Dosta si plandovao danima u letjelici, vrijeme je za rad! Trebaju nam uzorci Mjesečeva tla. Pokret!“
„Ja hoću nešto cugati! Ne mogu raditi ovako trijezan“, usprotivi se on.
„Dobit ćeš bačve bambusa kad se vratiš, priredit ćemo banket. A sad kreni!“, opet će glas.
„E ja baš hoću nešto pocugati SADA, idiote! Poslije - tko živ, tko mrtav!“
„Nemoj da se moramo vrijeđati, Ruse. Kopaj kad ti kažem!“
„Pa i neka grom sprži cijelu raketu samo da ne mora slušati tvoj antipatični glas!!!“, krikne Korda bijesno.
Izgleda da mu se želja ispunila jer jedna laserska zraka propara nebo i pretvori u prah svemirsku letjelicu.
Kenta umukne i stane ko skamenjen.
Na mjestu gdje je nekad stajala letjelica dolebdi ogromni leteći tanjur.
Kenta je pod šokom i dalje nijemo buljio, kad se vrata čudne letjelice otvore, a iz njih izađu dva mala greya. Greyi su mali izvanzemaljci sive kože, s četiri prsta na svakoj šapi, velikih glava i crnih bademastih očiju. Bili su mu visoki do trbuha.
„Dobrodošao na Mjesec, Korda“, reče mu izvanzemaljac.


Svemirska braća

Čim je prekinuta svaka veza s ruskim astronautom u službi Kine, znanstvenici iz Svemirskog istraživačkog centra zaključili su da je poginuo i već su ga oplakali. Sve državne novine su ga opisale kao tragičnog junaka koji je žrtvovao svoj život za kineski svemirski san. Iskreno rečeno, od samih znanstvenika je malo tko za njim plakao.
Onaj Kinez što je s njim komunicirao čak je i dodao:
„Glupi Rus, dobio je što je i zaslužio. Pogodio ga grom!“
Jedini koji su iskreno žalovali za njim bili su njegovi prijatelji Mao i Cha Po.
„Ovo je stvarno grozno", požali se Mao.
„Što? To što je tako neslavno završio?“, upita Cha Po.
„Ma i to, ali i ta stvar da se ne može organizirati pogreb bez trupla.“

Za to vrijeme, naš junak, živ i zdrav, upozna dva aliena. Budući da je bio sin Majke Prirode, Kenta je razumio sve jezike svemira. Kad se oporavio od iznenađenja, upitao je aliena koji mu se obratio:
„Kako znaš moje ime, stanovniče Mjeseca?“
„Kako ne bih znao, priče o tvojim herojskim djelima već znaju svi stanovnici naše galaksije, stari moj! Moje ime je Ebe, a moj drug je Zox. Ali, nismo ti mi zapravo s Mjeseca. Ja i moj kolega smo iz zvjezdanog sustava Zeta Reticuli, milijun milja odavde. Mjesec nije za kolonizaciju. Ovdje imamo samo podzemne baze za istraživanje tla koje je plodno rudama.“
„Drago mi je da sam vas upoznao, prijatelji, ali imam jedan veliki problem.“
„Ah, da. Zanima te kako ćeš se vratiti kući budući da smo ti uništili onu primitivnu orahovu ljusku što glumi svemirski brod? Žao nam je, ali samo smo tako mogli spriječiti da nas Zemljani snimaju. Ljudi su opasni. Bog voli, čovjek ubija.“
„Ma, zapravo sam vas htio pitati... imate li nešto za zamočiti grlo i jezik, kakvo alkoholno piće možda? Nisam ga okusio već mjesec dana, užas!“
„No problemo, u našoj bazi imamo najbolje žestice u cijeloj Mliječnoj stazi. Ne brini se ni za brod, posudit ćemo ti svoj leteći tanjur. I mi imamo pitanje...“, reče Zox.
„Samo reci, kolega.“
„Možemo li dobiti tvoj autogram? Mi smo tvoji veliki fanovi.“
„Naravno, brate, ali nemam papir i olovku.“
„Glupost! Koji primitivac još koristi ta jadna sredstva iz prapovijesti. Samo podigni prst u zrak i napravi potez kao da pišeš kistom“, reče Ebe.
Kenta učini kako su rekli i potpiše se u zraku. Kako je pravio zamahe svojim prstom pišući svoje ime i titulu Glavosjekač, pokreti su ostavljali zlatni trag koji je lebdio u zraku. Kao da je pisao na nevidljivu ploču. Kada napisa dva autograma, izvanzemaljci ih uhvate sa svoja četiri prsta, primaknu ih prsima i uguraju pod svoju sivkastu kožu.
On se nemilice začudi, a oni mu objasne:
„Tako ćemo uspomenu na tebe nositi uvijek na srcu.“
Nije baš sve razumio, ali ne kaže ništa, nego se uputi s njima do čudne okrugle kapsule. Iznenada se otvori kamenito tlo i otkrije tajni ulaz u još tajniju bazu. Kapsula ih odvede u duboku tamnu unutrašnjost. Baza je bila udobna, klimatizirana, dobro osvijetljena i ispunjena kisikom pa Kenta skine konzerva-odijelo u kojem se morao stalno kuhati.
Čim su stigli otprate ga u gostinjske odaje i ponude domaćim koktelom zvanim Moonkberry Moon Delight. Žedan i suha grla, Rus se nije dao moliti nego ga iskapi u jednom dahu.
„Uh, kako je dobro i žestoko! Pa ovo je bolje od naših napoja. Podsjeća malo na škotski viski", pohvali Kenta svoje domaćine.
„Naravno, to je sve kvalitetna roba. Ne proizvodimo mi ona sranja od zemaljskih bućkuruša“, nasmije se Zox.
Nakon što su se sva trojica obilno namazali Mjesečevom cugom, razveže im se jezik pa se dobro izrbljaju o svim zajedničkim temama – borbama, pustolovinama, alkoholu, seksu, drogi i rock and rollu. Otkrili su mu da je njihova civilizacija toliko napredna da kad tamo netko umre (životni vijek im je 400 godina) njegove ostatke odvedu u laboratorij gdje ga recikliraju i ponovno sastave pa on nanovo uskrsne.
„Ja sam riknuo već pet puta“, pohvali se Ebe.
Pričalo se i o glazbenim ukusima.
„I tako kažeš, kod vas na Zeti naviše slušaju space- elektroniku.“
„Da, bullshit! Ja i Ebe obožavamo rock, punk i heavy metal. Na Zeti nema toga kvalitetnog pa slušamo vašu klasiku - bendove kao što su The Beatles, Wings, The Offspring, Dio, Black Sabbath ili Manowar.“
„Oho, imate dobar ukus.
„Znamo sve o tebi, tvojim drugovima i neprijateljima te brojnim avanturama. Učili smo u školi i na faksu.“
„Ne mogu vjerovati! Pa zar sam tolko popularan?!“, zapanji se Korda.
„Proučavamo mi Zemljane tisuće godina, no ti si Kenta u našem zviježđu enormno popularan, a i na brojnim drugim planetima. Zanima li te još nešto o našim kontaktima sa Zemljanima kroz povijest ili otmicama? I zašto nismo javno objavili naše postojanje?“
„Uf, šta mene briga za to, nisam ja znanstvenik! Nek se s tim bakćaju političari, vojska i novinari ako žele. Meni je samo važno dobro se napiti, upecat kakvu zgodnu ribu ili razbit njušku nekom bedaku.“
„Tim bolje. Neke tajne je bolje čuvati za neka bolja vremena“, ustvrdi Ebe.
„Međutim, nešto me ipak strašno zanima“, nadoda Kenta.
„Reci, brate.“
„Imate hranu, imate cugu, a imate li dopu?“
„Misliš na one ekstazne biljčice koje vi zovete trava?"
„E baš to, Zox! Baš to mi treba!“
„Oh, to imamo!“, reče ovaj ozarena lica.
Zox ode u jednu prostoriju gdje je bila neka vrsta toplinskog staklenika u kojem su cvjetale različite vrste zetskih droga. Probere s biljki nekolicinu zrelih plodova. Smota travu i napravi jointove.
Dok su se tako drogirali Kenta opazi da ih netko stalno gleda skriven iza generatora.
„A tko je ovaj voajer? Zar niste pričali da vas je samo dvojica na Mjesecu?“, upita pokazujući na znatiželjnika.
„Fuj! Taj nije vrijedan ni da se spominje. Zove se Moronex i šef nam ga je uvalio preko veze da radi s nama. Ne podnosimo ga, užasno je glup i mrzovoljan. Ne obraćaj pažnju na njega“, odvrati Zox s gađenjem.
„Baš je ružan“, pomisli Kenta.
Na njegovu žalost, Moronex je imao telepatske sposobnosti pa mu pročita misli.
„Mama ti je ružna!“, zakrešta alien.
„Moja je mama Majka Priroda koja tebe nije rodila. Ti si patetično kopile!“, uzvrati mu Korda.
„Marš!“, cikne ovaj i izgubi se.

Kentino ugudno ljetovanje na Mjesecu odužilo se na dva mjeseca po zemaljskom vremenu. Svi su bili sretni i zadovoljni osim Moronexa koji ga je mrzio i bio mu zavidan.
Ebe i Zox poveli su Rusa svojim tanjurom na izlet po Sunčevom sustavu gdje je upoznao brojne nove prijatelje i isprobao brojna nova alkoholna pića od kojih je zapisao recepte za proizvodnju. Podijelio je na tisuće autograma.
„Zašto ja ne mogu ići s vama na ekskurzije, a Korda može?!“, zakriči Moronex ljutito.
„Netko mora ostat čuvat bazu“, smisli izliku Ebe.
Korda je zaključio da se predugo zadržao i da je njegova junačka šaka potrebna Zemlji. Oprostio se s prijateljima i obećao im da će komunicirati telepatijom, koju je u međuvremenu savladao. Ebe i Zox mu poklone jedan leteći tanjur, a on ga nakrca neophodnim namirnicama za put – alkoholnim specijaliteima sa svih planeta na kojima je bio. Mahne im još jednom, postavi uređaj na auto-pilot i odleti u svemirska prostranstva.
„Nedostajat će mi. Toliko mi se svidio da sam se gotovo zaljubio u njega“, počne cmizdriti Ebe.
„I meni se jako svidio. Ne srećeš povijesnu ličnost baš svaki dan!“, prokomentira Zox.
„Idioti! Zar vam nije jasno da će ovaj Zemljanin odati svojima naše postojanje i sve strogo čuvane tajne?!“, izdere se Moronex.
„Začepi gubicu, mulče!“, vikne Ebe i opali mu ćušku.
„Ima on i pametnijeg posla. Osim toga, nitko ne vjeruje luđacima i... pijancima“, zaključi Zox.
Moronex zbriše u svoje odaje.
„Dobit će svoje taj ruski majmun. Neće on nikome ništa izdati o našoj rasi kad ga ja dokrajčim“, bijesno promrmlja alien.
Dotle se Kenta udomaćio u zetskom svemirskom brodu. Ležao je u krevetu i degustirao namirnice. Nije prošlo ni pola sata od odlaska, a već se približavao Zemljinom atmosferi.
Napokon kući!

(odlomak iz romana)


Jeunes visionnaires

 
 
© création de Delphine Boyer*

Osnivanje Mladih fantasta


Na današnji dan 19. 9. 1976. osnovan je Klub "Mladi fantasti". Evo kako sam osnivanje Kluba opisao u svom romanu "Uskraćeni". Tamo se Branko Starčević zove Bojan, pokojni vojislav Ružić je Vjeko, moj brat Dragan je Milan a ja sam Marko.


5. OSNIVANJE

Pada jesenja kiša a nas četvorica nismo znali što da radimo.
- Da se igramo "žmire"? – predlaže Bojan.
Odbijamo taj prijedlog moj brat Milan i ja. Soba je naša. Otac nije kod kuće. Ali naš najmlađi brat Mladen bi mu rekao i nas bi dvojica dobili batina. Kad smo se prošli put toga igrali došao je moj otac i izderao se na nas. Vjeko i Bojan su otišli svojim kućama a Milan i ja smo morali slušati "predavanje". Kad bi se to opet dogodilo da li bi Vjeko i Bojan morali izaći iako nemaju kišobrane?
- Da igramo karte? – predlaže Vjeko.
Nisu za to Bojan i Milan.
- Da vam sviram harmoniku? – predlažem.
- Nema smisla da ti sviraš kad ostali ne znaju svirat' – kaže Vjeko ozbiljno.
Pogledam ga i prasnem u smijeh.
- Da organiziramo turnir u šahu? – predlaže Milan koji od nas četvorice najbolje igra šah.
Igrali bi dvojica po dvojica. Onda prvi pobjednik protiv drugog i prvi poraženi protiv drugog. Pobjednik prošlog turnira bio je Milan.
- Ne dolazi u obzir – kaže Bojan.
- Zašto? – pita ga Milan.
- Nemamo dvije ploče.
- Donesi ti svoju.
- Po ovoj kiši? Malo sutra!
- Onda ćemo na jednoj – predlaže Milan. – Prvo bi Vjeko i ja igrali a vas dvojica bi gledali. Onda bi igrali Bojan i ja a ostala dvojica bi promatrali. Poslije bi se sastali pobjednici.
Onda sam se ja sjetio:
- Da vam pročitam svoju priču?
- Kakvu priču? – pitaju uglas Vjeko i Bojan jer nisu ni znali da sam napisao priču.
- Znanstveno-fantastičnu.
- Zar ti pišeš znanstveno-fantastične priče? – upita me Bojan.
- Pišem.
- Koliko si ih dosad napisao?
- Samo jednu.
Bojan i Vjeko se slažu da je pročitam. Čak i Milan koji je moju priču već pročitao.
I pročitao sam. Bojanu i Vjeki se priča svidjela.
Tada sam se sjetio kako sam prije dvije godine dobio ideju da napišem znanstveno-fantastični roman ali ga sve do sada nisam ni počeo pisati. Ideju sam bio zapisao u svoj dnevnik. Prepričao sam je Milanu. On mi je iznio neke svoje prijedloge. Ja sam u svom dnevniku dopisao kako mi se Milanovi prijedlozi ne sviđaju i da ih neću prihvatiti. Milan je pročitao tu stranicu, naljutio se i istrgnuo je iz bilježnice!
Kišilo je u četvrtak. U petak je Vjeko napisao svoju priču. Bojan u subotu. Klub smo osnovali u nedjelju. U Bojanovoj sobi. Zašto baš tamo? Kao prvo ta soba se nije nalazila u istoj kući u kojoj su živjeli Bojanovi roditelji. To nije bio slučaj sa sobom koju smo zajednički dijelili Milan i ja. Još kad bi tamo održali osnivački sastanak Kluba dosađivao bi nam naš desetogodišnji brat Mladen. Bojan nije svoju sobu ni s kime dijelio.
U svojoj sobi Bojan je bio pripravio novu bilježnicu u kojoj će vodi zapisnike sa sastanaka Kluba.
Glasovanjem je između više prijedloga prihvaćen moj da naziv kluba bude Mladi fantasti. Također je prihvaćen moj prijedlog da naziv našeg lista bude "Orion". Za tehničkog urednika lista izabran je Milan. Za glavnog urednika izabrali su mene. Za blagajnika, zapisničara i knjižničara Kluba izabran je Bojan. U njegovoj sobi bit će prostorija Kluba, uredništvo "Oriona" i knjižnica Kluba. Ja sam odmah donio sve svoje primjerke "Siriusa", mjesečnika koji je objavljivao znanstveno-fantastične priče, "Galaksije", mjesečnika za znanost koji je u svakom broju objavljivao po jednu do dvije znanstveno-fantastične priče, svoje znanstveno-fantastične knjige i stripove.

Mirastralie Papyrus 17684*

 
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Mirastralie Papyrus 17682*

 
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Colocataires

Elles s’étaient rapprochées lentement, au cours des semaines, pas à pas, et sans intention préalable. Leur amitié s’était ébauchée au cours de rencontres infimes durant lesquelles aucune d’elles deux n’attendait autre chose qu’un accompagnement momentané, le retour du lycée ensemble, le sourire en se croisant à la cantine, dans un couloir… Toutes deux immergées dans leurs études, elles avaient ignoré d’abord l’importance des à côtés, du voisinage. Dans ce lycée, Claire poursuivait sa seconde année d’études scientifiques, maths spe, domaine que ne se figurait qu’approximativement Anne, débutant ses études supérieures en prépa littéraire. Elle aimait simplement le terme qui désignait la classification des niveaux de son amie, puisqu’il était convenu qu’une classe très studieuse et performante obtenait, outre son titre même, MPSI, une « étoile », MPS*. Elles habitaient une chambre chez l’habitant, sur le même palier.
Peu à peu, chacune avait éprouvé le besoin de retrouver l’autre sur le chemin pour la cantine, le soir. Elles dînaient ensemble, à deux ou plus, de temps en temps, pour oublier un moment les profs et les devoirs, pour parler des autres collocataires, de la propriétaire ou de leur même ville d’origine, puisqu’elles avaient découvert par hasard qu’elles étaient déjà voisines de lycée. La plus jeune, Anne, était fascinée par l’humour agile de sa collègue. Sans un sourire, presque sans y croire, Claire savait découvrir l’insolite ou l’improbable d’une situation.
Ce soir-là, l’automne s’alourdissait, faisant monter la nuit très tôt, et Anne avait rejoint Claire dans la rue. Plus d’oiseaux, plus de fleurs : dans leur délire studieux, les deux filles étaient tentées de croire que seule leur fatigue accumulée noircissait ainsi le ciel et le vent. Du reste, les manifestations climatiques restaient de moindre importance pour elles, comme périphériques et inadvertantes. Sur le chemin du lycée, elles devaient traverser la cour d’une école. Souvent le matin, elles attendaient quelques instants la sortie du gardien qui leur ouvrait les portes en les saluant discrètement. Mais le soir, elles restaient longtemps ouvertes, et sans avoir jamais rien expliqué, cet homme était habitué à ce trajet quotidien.
« J’ai obtenu une date pour passer mon permis, pendant les vacances de Noël, annonçait Claire.
− ah c’est bien, tu vois, tu commençais à te lasser, c’est super. Tu vas l’avoir, c’est sûr.
− Rien n’est sûr, on verra. »
Souvent leur conversation était minime et se poursuivait dans le silence. On aurait dit un acte de timidité, mêlé à une forme de compréhension suffisante entre elles deux. Anne s’était tout de suite étonnée de leur proximité de pensée. Des réactions communes, dès les premiers moments de leur rencontre. Les sujets étaient abordés sans suivi, approfondis d’une fois sur l’autre par de rapides phrases. Avançant dans la cour, noire et seule, les deux jeunes filles percevaient l’importance de cette année presque irréelle. Profondément attachées à leur programme de travail, au planning d’études et de révisions, elles ressentaient parfois un singulier vertige en se confrontant au monde de la ville, du commerce et des spectacles. C’était un trouble qui s’aiguisait au cours des semaines, et leur donnait l’impression rétrospective de sombrer cette année dans l’égoïsme et le repli vain. Leurs discussions les moindres étaient une échappatoire providentielle et chaque soir, l’attention à l’air et aux petites variations florales et saisonnières les retenait toute.
Au moment de tourner à l’angle de l’école, une petite chose transparente et comme vitrifiée tomba juste devant elles avec le fracas du verre brisé. D’infinis morceaux de ce cristal limpide juchaient le sol, innombrables et brillants. « Claire… », murmura Anne, simplement, doutant encore de la faisabilité même de cet accident. La goutte leur avait semblé très petite et très lente, mais les éclats les entouraient sur plusieurs mètres. Aucun bruit en l’air ni au sol n’avait préparé la collision, et la nuit approfondissait les questions des jeunes filles. « On aurait dit une larme, correctement soumise à la pesanteur, mais ralentie… » s’immobilisait Claire.
− oh, Claire, regarde… ça ne coupe pas, tous les bords semblent doux et ronds.
− Pourquoi aucun bruit ? Qu’est-ce que cela ? »
Elles essayaient d’envisager les possibilités, d’élargir le champ de compréhension : une illusion d’optique dans cette nuit de novembre ? Une condensation suprême de l’eau libérée au contact du sol ? Un mirage persistant et concomitant dans leurs deux esprits ?
Mécaniquement, elles avaient repris le chemin du lycée, silencieuses. La concentration intense de Claire fascinait son amie, désormais consultée momentanément sur des détails de l’aventure. C’était certain, elles avaient vu exactement la même chose, elles avaient même été mêlées au phénomène, mais tout cela semblait un film projeté sans le son, et relativement ralenti.
Leurs amis avaient déjà fini de dîner, elles restèrent seules et figées dans la lumière de la cantine. Une crainte muette s’élevait en Anne, vaincue par ces sommes inexplicables, ces failles illogiques. Elle aurait aimé ne pas quitter sa jeune amie, leur proximité restait seule habituelle dans cette soirée étrange. Elles marchaient encore plus vite, fuyant peut-être la tentation de demander de l’aide, d’abandonner encore davantage l’exigence de raison et de sang-froid. Claire restait contrariée mais présente au raisonnement. A force d’achopper sur la question du silence, elle devenait plus curieuse, plus méthodique. Ce fut elle qui insista pour traverser à nouveau la cour de l’école. « On est peut-être aveuglées par quelque chose, je suis sûre qu’on sera rassurées, dédramatisait-elle, et puis si c’est toujours là, et que ce matériau qui se brise en douceur résiste à quelques tests, on partagera le prix Nobel de physique pour notre découverte inouïe. » Comme toujours, l’exaltation restait verbale, Claire souriait à peine et prolongeait en silence les répercussions imaginaires de leur soirée. Cette retrouvaille avec l’humour faussement superficiel de sa voisine rassura énormément Anne. Rien ne pouvait affecter cette fille, la raison restait valable et prometteuse. Alors, où se situait la première incompréhension ?
Ouvrant le portail, les deux jeunes filles retrouvèrent tout à la même place. Le gardien n’était pas passé, sans doute, contrairement à ses habitudes, le soir, ou il n’avait pas encore balayé ce qui ressemblait à un amas de verre miroitant. Anne et Claire se penchaient, s’écartaient, effleuraient les débris. Là, quelque chose avait changé : tout semblait moins poreux que lors du choc, une heure auparavant. On pouvait distinguer une sorte de rapprochement, voire de fusion entre certains éléments, constituant une résine ou une matière moins friable. Cela semblait invisible à l’œil nu, mais pourtant tellement manifeste.
Claire s’éloigna de nouveau : « A l’exception de cette possibilité de toucher et de sentir quelque chose, c’est par la vue que tout est arrivé. Je n’ai cessé de tourner dans ma tête cette évidence dans ma tête : Nous n’avons rien entendu. Mais normalement, ça doit impliquer que le choc ne s’est pas réellement passé ici, ou alors qu’il ne s’est pas seulement passé ici. Attends, Anne, je sais que tu dois me croire trop affectée pour raisonner logiquement, mais c’est pourtant certain…
− Non, je t’écoute. Je n’arrive pas à tout réunir comme toi, pour réfléchir… Je t’écoute. J’aimerais comprendre.
− Ton image du film tout à l’heure était infiniment probante, une vidéo un peu ralentie et projetée sans le son. Mais quelque chose résiste toujours en moi pour accepter cette idée : il aurait fallu l’intervention d’une conscience, et même d’une volonté.
− C’est assez troublant.. Je disais ça rapidement, tout à l’heure, pour mettre des mots sur les choses, mais cela impliquerait qu’il y ait eu une fracture ailleurs, où cela ? se relevait Anne.
− Essayons de reconsidérer cela une dernière fois, avant de rentrer, s’il te plaît, s’exalta Claire, le gardien n’est pas là, on dirait. »
Reculant une nouvelle fois, Claire leva les yeux. Son amie l’imita, dessinant le trajet vers le ciel étoilé. Mais, immédiatement, elle poussa un cri : à deux mètres de hauteur environ brillait, en suspension, un petit carré lumineux, orienté dans la direction de l’amas. Elles s’approchèrent toutes les deux.
« Un miroir ? s’enthousiasma Anne, c’est incroyable.
− cela ressemble, en effet, un petit prisme bien conçu. Je n’avais jamais vu ça… On ferait mieux de rentrer, pour ce soir : vivant ou non, tout est si bien prévu qu’il semble que l’on n’ait pas besoin de nous. » Anne regarda son amie, très étonnée. Soudainement les rôles s’inversaient, elle se sentait gagnée par l’aventure scintillante, heureuse d’être là et de découvrir l’ingéniosité de cette rencontre, tandis que sa jeune voisine montrait pour la première fois de l’impatience et des signes de nervosité. « Est-ce la fatigue de la journée, Claire ?, s’inquiéta Anne, Tu étais très soucieuse de comprendre, et tu t’arrêtes tout d’un coup au seuil d’une découverte incroyable, je pense. Moi, j’aimerais rester.
− Fais ce que tu veux, tu as la nuit pour toi. Bonsoir », s’éloigna Claire.
− Attends-moi, s’il te plaît, je rentre aussi. Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu sembles amère, si triste. Y aurait-il quelque chose que je n’ai pas vu, pas compris ? Claire, je peux entendre…
− Tout va bien, peut-être simplement le rappel des deux problèmes qu’il me reste à recopier pour rendre le devoir maison à temps, mercredi…
− Ah oui, ça ne s’arrête jamais, ces choses-là, mais tu es brillante, et on a maintenant une sortie imaginaire possible à notre quotidien studieux, murmura Anne.
− La grande optimiste, je devrais t’appeler comme ça. On verra, on peut se retrouver là à 7 h 00, demain, pour suivre l’évolution… Salut » Elles se sourirent et se quittèrent en haut de l’escalier, rejoignant leur chambre. Anne admirait le courage de sa voisine. Elle rangea simplement ses affaires et s’endormit très vite.
Au réveil, les émotions de la veille lui semblèrent d’abord oniriques. Elle s’imaginait déjà raconter à Claire qu’elle avait rêvé d’elle et d’une étrange chute silencieuse. Elle sortit sur le palier en vérifiant que la salle de bains était libre. Sur le guéridon, une lettre lui était adressée. Très étonnée, elle l’ouvrit fébrilement. Quelle surprise : c’était Claire. Elle n’avait donc pas dormi de la nuit ?

Ma chère optimiste,
Je te dois des explications, des remerciements et des excuses.
Grace à l’intervention de ma station spatiale, hier soir, tu vas peut-être croire plus facilement ce que je suis et pourquoi j’ai eu recours à toi hier. Je ne suis pas terrienne, je viens d’une planète très lointaine dont je n’ai aucun souvenir mais sur laquelle il n’est pas possible de grandir. L’atmosphère particulière favorise l’immobilisation du fonctionnement vital, voilà tout. On y vit bien, paraît-il, on y meurt aussi, mais tous les enfants sont envoyés sur d’autres planètes pour se développer et apprendre les différentes formes de vie. A 18 ans, on est récupéré par un programme selon les modalités d’une phrase qu’on nous a apprise avant de toucher la planète d’élection. La mienne était : « Avec son aide, vous n’entendrez pas davantage, mais elle le verra. » Personne ne peut rentrer chez lui sans l’objet que tu as vu hier soir, et que l’on appelle chez nous le « traciel ». C’était la dernière épreuve d’admission sur ma planète. En passant ce matin, seule, dans la cour, tu ne verras plus rien. Je reste là, bien sûr, un peu plus loin, mais immensément.
Heureuse continuation à toi sur cette belle Terre, Anne, ma chère colocaTerre. Merci
ta Claire

Extra-terrestre*

 
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Bagremar*

 
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Mirastralie Papyrus 17661*

 
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Poétique Tout*

 
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Mirastralie Papyrus 17656*

 
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Soulsleeplessness*

 
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Protonact*

 
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Q-base*

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Pjesma: Voodoo (Leontin Čapo Milenić)


Voodoo!

By Master of Insanity

Tama sada vlada
Vještičin je let.
Zlo je uvijek živo,
Gori cijeli Svijet.

Lepet krila crne Vrane
Raspršuje taj plam,
Vatru tvoje Duše,
Smrt ulazi u san.

Oh ne, opet taj Vudu,
Magija kroz noć,
Oštrica kroz Srce,
Urlik vrišti - UPOMOĆ!

Kako izbjeći tu Tamu?
Kako pronać neki spas?
Kako dotaknut Svjetlost,
Kad izgubio si glas?

Kako pronaći odgovor
Ako pitanje nije postavljeno?
Kako spasiti nevino Biće
Ako je ono samo i ostavljeno?

Nema više nade,
Na Duši krvav trag.
Po Srcu gmiže Pauk,
Već prešao je prag.

Otrov, samo Otrov
Kola Zemljinim žilama.
Isparava Potok Života,
A ti boriš se svim silama.

Kralj je odavno mrtav,
Anarhija preuzima vlast.
Nova Apokalipsa,
Gdje je ponos, a gdje čast?

Paraliza Uma,
Ti si samo hladni zombi.
Nestao je Razum,
Pjesma Smrti iz katakombi.


Za sve je kriv taj Vudu,
Gladne Zvijeri su oslobođene.
Prekinut je lanac,
Raj za Mrtve, pakao za Rođene!

Ništa više nije važno,
Sex, droga, novac …
Grješnici su osuđeni,
Sad je Demon lovac.

Zašto ubiti Zmaja
Ako te grije njegov Dah?
Kako letjeti na Vjetru
Ako si već pretvoren u Prah?

Odgovor je Vudu
Jer sam on stvara šok.
Sjećanja su mrtva,
Živ je samo Rock!

Zle Oči sjaje u noći,
Magla tajnovit put skriva,
Krvave Ceste vode do Pakla
Gdje Zlo nikad ne sniva.

Osmijeh, proklet Osmijeh
Nanosi ti bol.
Ja sam tvoj Gospodar,
A ti si Voodoo Doll.

Vudu, samo Vudu
Pruža takvu moć.
Ugasilo se Sunce,
Vječni Mrak i noć.

Valovi Oceana Sudbine
Gase Života plamen.
Ostaje nam Mjesec
Kao Tame znamen.

Kako kroz More Beznađa
Pronaći pukotinu Slobode?
Kako postići Nirvanu
Ako Duhovi te vode?

Vudu, Vudu, Vudu
Odgovor je taj.
Smrt stvara Život
I širi krila Zmaj.

HA, HA, HA, HA, HA !

Nova

Tourné de son côté, légèrement incliné, il dormait de toute sa douceur, simplement là, près d’elle, et la chambre respirait avec eux. Berceau improvisé, signe de quelques soupirs où s’étirait le temps, le silence parcourait leurs tournoiements magiques, soulevait les petites images, souples et tendres, de leur repos raconté. L’obscurité diminuait, un fluide clair s’installait dans la chambre, plus précoce que l’aube, prémices d’un compagnonnage secret. Au réveil, lorsque l’espace reprit sa configuration familière, ils se sourirent et s’embrassèrent, dans les franges caressantes du matin feutré.
« 340, cette nuit, mieux qu’hier », apprécia-t-il en posant les deux mains au centre d’un cadre fixé au mur. « et toi ?
− 125 tout au plus… 117, voilà, constata-t-elle en s’appuyant contre l’écran. J’ai surtout rêvé du mariage de mon frère... »
Les nuages chatoyaient du reflet des toitures, formes bien distinguées à l’aplomb des ancrages, vaisseaux de clarté. Très calme, le petit déjeuner était d’entente commune et de silence partagé. De tous les côtés, le regard traversait l’espace, puisque la plupart des murs étaient vitrés. Peu de paroles, une légère tendresse entre eux, tandis que par l’une de ces fenêtres se diffusait une lueur blanche qui éclairait la salle de biais. La pièce semblait chaleureuse grâce à cet éclat spécial, et même le plafond était de verre, comme pour profiter davantage de cette lumière dont on ne pouvait déceler l’origine. Parfois sur le côté, par instant sur la gauche, c’était comme un équilibre en redéfinition constante, une énergie mobile qui s’adaptait continuellement au mouvement des hommes. Il se tourna vers sa compagne : « je passerai chez ton frère, ce soir, il a proposé de me graver de la musique, et j’emprunterai ses filmographes.
− Et lui, que pense-t-il des nôtres ?
− L’essentiel est leur stabilité, ça va, je pense. » Il réfléchissait en silence, puis il posa ses mains sur la vitre proche de lui. Aussitôt, des chiffres et des courbes apparurent quelques secondes, la lumière s’estompa. Un peu au hasard, sa main tenta de reproduire quelques unes des traces, il posa son front, mais rien d’autre n’apparut.

La mutation s’était produite brusquement, au printemps 2021. Pour l’humanité, moindre avait été la nécessaire adaptation, puisque cette vie venue d’ailleurs s’était développée par complémentarité avec la nôtre : attentive au rythme biologique des hommes, elle vivait de leurs rêves, insensible à leurs besoins mais froissée par leurs peurs, leurs insomnies noires, comme vivifiée par l’imaginaire terrestre. Du reste, la seule manifestation sensible de sa présence était une sorte de phosphorescence mate, intense à mesure que le sommeil de son « partenêtre » avait été profond. Certains parlaient d’un vol de leur conscience et n’avaient pas supporté de devenir le foyer d’extraterrestres, d’autres s’étaient montrés curieux, puis favorables. En complicité heureuse, Roland et Marie avaient surnommé leur hôte ‘Nova’. Ils cherchaient un mode de communication simple et compréhensible avec cette vie silencieuse, stellaire.
Ne pouvant tout comprendre, ni localiser son principe vital, des hommes observaient ainsi le développement de ces formes, ils avaient peu à peu cherché à profiter de cette présence discrète : à partir de la source lumineuse qui la constituait, il était possible de prélever de l’énergie, sans endommager l’équilibre immédiat des deux êtres. Sans qu’on puisse d’ailleurs expliquer clairement la nature de cet éclat fuyant, on s’en servait puisque sa mobilité même et sa perméabilité étaient fiables.
La conscience humaine avait évolué peu à peu, quittant ses peurs, s’habituant et s’attachant parfois à ce soleil habitable. Sans aucun doute, les hommes communiquaient avec ces vies par leur état mental, leur imaginaire profond. Lorsque les rêves étaient phénoménaux, il arrivait que la lumière scintille davantage, et Marie disait alors que sa Nova souriait en paillettes fines d’espace. Elle s’était passionnée soudain pour l’échange et les perceptions. C’était l’inconnu à une nouvelle échelle, le rééquilibre des vies, et en tant qu’institutrice, elle restait bouleversée par ce mystère : progressaient-ils ? apprenaient-ils ? La preuve de leur acclimatation aux hommes semblait impliquer un degré d’observation et de compréhension élevé. Dans cette nouveauté s’était réfugiée et libérée son enfance, et chaque jour, la jeune femme calculait la petite quantité d’énergie au filmographe de sa Nova de Terre, en attention subtile et inaugurale.
Ce matin-là, alors qu’elle recherchait dans sa bibliothèque un manuel pour ses élèves, effleurant de ses doigts les couvertures successives, saisissant deux livres, elle sentit la lumière s’amplifier brusquement. Les murs se couvrirent de petits cercles colorés, agités sur eux-mêmes, en frénésie rythmée, puis tout redevint calme rapidement. La jeune femme avait déjà repéré que certains lieux semblaient davantage investis que d’autres par la présence de cette lumière, mais son étonnement cette fois-ci construisit une fulgurante association mentale de ses élèves avec ces extraterrestres. Elle imagina ces esprits jeunes et enthousiastes, passionnés par les histoires comme ils l’étaient par les rêves. Après tout, pourquoi n’auraient-ils pas su lire ? Elle restait seule dans l’angle de la pièce, désormais fascinée par cette idée au-delà de la mesure. Ce qui était certain, c’est que ces petits êtres de lumière, si spirituels qu’ils semblent, avaient besoin de trouver un lieu d’accroche réunissant de nombreux critères. Leur endroit de prédilection se situait à la surface des vitres, mais entrait ensuite en compte un trajet complexe de rayons et de fluides qui rendait impossible la prévoyance à ce niveau. Même les humains faisaient varier l’équilibre, et le positionnement de ces éclats d’être. Peut-être s’étaient-ils glissés dans un des livres, peut-être avaient-ils découvert les albums où dialoguaient texte et illustrations, peut-être ces cercles esquissés étaient une parole qui lui était adressée. Virevoltante de questions, elle percevait étrangement qu’elle venait de progresser dans l’entente avec eux, mais ne pouvait comprendre parfaitement. Aux tréfonds de son cœur, même, s’élevait l’angoisse de ne pas savoir leur répondre, au moment même où ils se manifestaient près d’elle.
Attentifs, silencieux, les élèves attendaient le signe de l’enseignante avant de sortir leur cahier. Marie finissait de remémorer la leçon de géographie de la veille ; peu à peu, un voyage en France fluviale s’amorçait dans l’ esprit des enfants : « Dites-moi… Où se trouve l’embouchure de la Garonne ? Où la Seine prend-elle sa source ? Qu’est-ce qu’un delta ? » Les petites mains se levaient, souvent accompagnées de soupirs de connaissance, pour attirer le regard et solliciter l’assentiment de la maîtresse.
Lorsque ces « partenêtres » étaient apparus, aux premiers phénomènes de luminosité inexplicables, les élèves avaient posé énormément de questions. Les autres institutrices les éludaient avec un léger agacement, mais Marie avait résolu de les faire écrire tour à tour sur une grande feuille au fond de la classe, et parfois, on les relisait pour voir si les connaissances s’amélioraient ou non, si cette situation pouvait devenir familière et inoffensive… Les élèves avaient très vite marqué un immense intérêt pour ces mystères si proches. Dès qu’ils étaient entrés, la jeune enseignante s’était dirigée vers le fond de la classe pour inscrire sa question : « les partenêtres savent-ils lire ? Si oui, ont-ils appris sur Terre ? » La liste était longue, mais cette question-ci frappa les jeunes par l’impression d’évidente réponse qu’ils étaient tentés d’apporter tout de suite. Comment lire, puisqu’ils ne savaient pas déjà parler comme les hommes. Intrigués pourtant, ils se concentraient, métamorphosaient lentement l’image de ces extraterrestres qu’ils avaient arrêtée dans leur esquisse. Du centre de la classe, la petite main se leva : « On pourrait écrire une histoire pour eux, juste avec des partenêtres ? » Simple et spontanée, la question ne cessait de faire écho à la lumière vive qu’elle avait vue le matin même. Hésitante, elle n’osait forcer la ressemblance, et pourtant cette phrase venait de lui montrer que les enfants étaient au moins aussi sensibles à l’imaginaire de ces présences que ces extraterrestres mêmes. Leur équilibre en dépendait, petites âmes grandies par les histoires.
De retour chez elle, Marie ouvrit les cahiers de ses élèves, à la page de leur récit. Sa Nova scintilla très vite à ces récits. La lumière n’était pas plus intense, mais plus visible malgré tout. Ainsi incités, les enfants perfectionnaient leur histoire, nuançaient les détails et coloraient les paysages. Jour après jour, imperceptiblement, les êtres s’épanouissaient dans la trame du rêve. Marie avait débuté la sienne, attentive aux variations lumineuses, muette et hypothétique, dans l’intuition d’espoir. Elle s’attendait presque à découvrir un matin les murs imprimés de phrases. Mais rien n’apparaissait, le partage véritable restait hors de portée, mystère d’un obstacle qu’elle pensait parfois maintenu volontairement par Nova et les autres. Illusoire était l’impression de progression dans leur connaissance qui ne la quittait plus. C’était comme une évidence majeure, le doute et le découragement ne la touchaient pas.
Le premier jour du mois de juin, d’aurore brumeuse et douce, elle comprit très vite que tout avait changé. L’architecture même des pièces était parfaitement bouleversé, comme significativement. Au centre était maintenue la salle de séjour, dont la bibliothèque, au milieu formait un triangle isocèle. Les autres pièces s’organisaient tout autour, avec plus ou moins d’irrégularités, des cloisons arrondies, légères. Leur foyer seul avait subi ce déménagement, ainsi que la salle de classe où elle travaillait. D’une fragilité suprême, c’était le sens d’espace, la vie étrange et prêtée à leur fantaisie, aimée et comprise. En arrivant en classe, le jeune garçon qui s’était mis à écrire le premier nota sur son cahier : « J’ai rêvé exactement ce que vous venez de faire, et je sais que tous, on ne se trompe pas, on découvre bien comment vous vivez à chaque fois qu’on modifie et fait avancer un peu notre histoire. »